Parler de formation à distance provoque immanquablement des réactions : on est furieusement contre, ou passionnément pour. Dans la situation actuelle, plusieurs entreprises et nombre d’enseignants se sentent acculés au pied du mur, devant faire migrer leurs activités vers la formation à distance. Une question se pose inéluctablement : comment faire ? Il s’impose de bien comprendre les concepts à la base de la formation à distance, afin de la démystifier. Tour d’horizon.

Tout d’abord, la formation à distance se définit comme toute formation délocalisée, où le formateur n’est pas en présence des apprenants. Elle s’oppose à la formation dite « en présenciel », où formateurs et formés partagent un même espace. Ainsi, des lectures dirigées se qualifient tout à fait comme étant de la formation à distance, tout comme les rencontres téléphoniques et les courriels. Ce mode de formation est particulièrement adapté à des formations où la pratique individuelle guidée est mise de l’avant, avec rétroaction personnalisée du formateur. 

La formation à distance inclut la formation en ligne qui elle, suppose que les étudiants acquièrent leurs apprentissages dans un espace virtuel. La formation en ligne peut se déployer en deux trois modes différents : le mode synchrone, qui signifie que les étudiants et le formateur partagent un espace virtuel au même moment, par exemple une classe virtuelle sur Zoom ; le mode asynchrone, où le formateur dépose ses activités d’apprentissage sur une plateforme que les étudiants consultent au moment qui leur convient ; et le mode mixte, alors que rencontres en classes et activités individuelles se côtoient. 

Bien entendu, chacun de ces modes a ses propres exigences, contraintes et avantages : 

  • Les rencontres synchrones permettent le partage en temps réel entre les apprenants, ce qui enrichit les apprentissages. Il permet également d’aborder l’actualité du jour, de faire des séances de questions-réponses, etc. Par contre, s’il vise les échanges bidirectionnels entre le formateur et le groupe, ce mode peut devenir cacophonique pour un groupe de plus de 20 étudiants. 
  • Le mode asynchrone permet à l’étudiant de se consacrer à sa formation au moment qui lui convient le mieux, ce qui est un avantage indéniable pour tout apprenant ayant à gérer une vie de famille et un travail en plus d’une formation. Si on peut compenser l’absence d’échanges en temps réel par la mise en place de plateforme d’échange (chat ou blogue), ce mode reste exigeant pour l’enseignant, qui doit planifier ses capsules vidéo ou sonores, ses présentations, ses exercices sans pouvoir les adapter immédiatement à la réception de la rétroaction des étudiants. 
  • Le mode mixte permet à l’étudiant de gérer lui-même son horaire de formation, tout en ayant des rendez-vous prévus avec le formateur seul ou avec le groupe, rencontres visant l’approfondissement des concepts, la correction en groupe de travaux, voire le travail d’équipe lui-même.

La formation à distance, comme la formation en présenciel, nécessite des évaluations. Ces évaluations peuvent être formatives, et viser la pratique d’une compétence et la progression de l’apprentissage, comme elles peuvent être sommatives, certifiant l’atteinte de la compétence. En résumé : l’évaluation sommative est celle dont le résultat est pris en compte pour la réussite du cours… la note qui compte! De même, votre cours dans son ensemble peut être sanctionné, et donc être reconnu par une autorité, ou pas. Dans ce premier cas, les évaluations sommatives devront se dérouler dans des conditions optimales afin de donner un portrait juste des apprentissages faits. 

Afin de procéder à ces évaluations, le formateur mettra en place des activités pédagogiques. Elles peuvent prendre plusieurs formes (questionnaire, jeu, etc.), et le prochain article en présentera plusieurs, ainsi que les outils pour les créer. Ces diverses activités sont au coeur du scénario pédagogique, qui précise le déroulement de l’activité, ses objectifs, sa planification, et les évaluations y étant associées. Ainsi, un cours peut être composé de plusieurs scénarios pédagogiques formant chacun des modules. Votre matière peut donc être organisée simplement selon la progression par semaine (ou par cours), ou sous forme de modules, et ceux-ci peuvent être réalisable de façon ordonnancée ou pas. 

La formation à distance n’est pas une formule unique. Peu importe la matière à diffuser, le formateur et le groupe, il y a moyen de trouver chaussure à son pied ! Il faut toutefois se poser des questions préalables à toute prise de décision dans ce domaine :

  • Quelle est la matière? Nécessite-t-elle l’échange en groupe? Comprend-elle des démonstrations et des laboratoires ? 
  • Le travail d’équipe est-il inhérent à ce cours, ou comprend-il plutôt des apprentissages individuels ?
  • Qui est le formateur, quelle est sa disponibilité, et comment maîtrise-t-il les technologies ?
  • Qui sont les étudiants ? Ont-ils accès à Internet et à un ordinateur ? Sont-ils dans une situation personnelle leur permettant de se libérer à heure fixe ? 

C’est alors que vous pourrez choisir le bon modèle pour vous. Pour cet enseignant en français au collégial, ce sera l’envoi par courriel des lectures à faire, avec exercices en pdf et soutien téléphonique ponctuel ; pour ce prof de mathématique, ce sera un cours synchrone sur plateforme en ligne avec présentation magistrale, travail d’équipe, exercices individuels et correction en classe ; finalement pour ce formateur en entreprise, ce sera un parcours en cascades composé de capsules vidéo suivies de questionnaire, où chaque réussite de module déverrouille le suivant.

Vous devrez donc adapter votre matériel existant à la formule choisie. Mais vous devrez aussi et surtout vousadapter. La formation à distance demande du formateur des dispositions d’esprit différentes de celle du formateur en présenciel. S’il choisit le mode synchrone sur une plateforme multimode, le formateur doit s’attendre à donner un cours et à lire un clavardage en même temps, tout en étant attentif aux droits de parole, ce qui demande beaucoup d’agilité. Également, le formateur ne pourra pas voir en temps réel ce que font ses étudiants, comme il ne pourra pas superviser en même temps plusieurs équipes de travail. Ainsi, une bonne relation de confiance doit être établie entre le formateur et ses étudiants. Afin de la bâtir, il est primordial de bien préparer tant le formateur que l’étudiant à la formation. Les deux doivent avoir l’équipement technique requis, connaitre le plan de formation et ses échéanciers, et être = dans sa formation. Lorsqu’elle est réussie, la formation à distance devient des plus enrichissantes tant pour le formateur que pour son étudiant. La pratique démontre que la formation à distance redonne à l’étudiant le pouvoir sur ses apprentissages ; il devient moins dépendant du formateur, et s’engage plus profondément dans son parcours.

Comme vous le voyez, les solutions sont multiples, et doivent être adaptées tant à la matière, à l’enseignant qu’au groupe visé. À ne pas oublier : il n’y a pas de technologie magique ! Vous vous souvenez d’à quel point le TBI allait révolutionner les classes ?  Allez, soyez honnête : levez la main ceux qui s’en servent uniquement comme écran/projecteur ? 

Je sais… 

Moi aussi.

Prochain article : les outils disponibles pour l’enseignement à distance